Décembre 2021 - La Lettre d’Amélie n°7 : PICARDIE
La musique de la région pour accompagner votre lecture :
Lundi 20 décembre 2021
Cher ami voyageur,
Longtemps, peut-être comme vous, j’ai pensé que le voyage était synonyme d’éloignement, d’itinérance… pour ainsi dire, de changement de cap, de langue, voire de continent. Je l’ai assimilé à la découverte de cultures, de nourritures diverses, jusqu’aux bons petits plats servis sur une table que la nouveauté et la diversité des saveurs rendraient festive.
Longtemps, j’ai exploré les cartes du bout du monde… où l’Afrique se voyait représentée au travers de dessins de lions rugissant, d’éléphants et de girafes… le Grand Nord, d’ours polaires et de baleines… l’Australie, d’émouvants koalas et de kangourous, posant ici et là le bestiaire de chaque territoire comme une invite à un dépaysement teinté de magie autant que d’inconnu. Les verrait-on jamais ?
Et puis, j’ai pris la route de ces bouts du monde… jusqu’à ce voyage au Kenya qui devait transformer ma relation à la nature. Dans une de ces plaines du Masaï Mara, observant un spectacle d’antilopes à l’approche d’un lion, j’ai été crucifiée devant la beauté du monde, la beauté de la vie dans toute son expression : celle de la vie autant que de la mort, deux faces d’une même pièce. J’en suis repartie transformée à jamais, fascinée par le vivant, le vibrant.
En 2003, après avoir abandonné l’idée d’un tour du monde, c’est en France que j’ai décidé de vagabonder. Après avoir exploré des terres mythiques comme l’Egypte, le Groenland ou l’Australie… des terres mystiques comme Israël, la Jordanie ou Bali… la France aurait pu m’apparaître fade, banale. Il n’en fut rien. Bien au contraire, j’explorais région après région, l’âme d’un territoire ; j’en caressais amoureusement la peau, parfois toute lisse et fragile, d’autres fois ridée telle celle d’une terre Mère qui a beaucoup donné. A fleur d’âme, j’adoptais ce regard perforateur sur les choses de la vie, en quête d’une approche ethnique, la curiosité en bandoulière, l’ouverture au monde, totale.
J’en suis ressortie comme renouvelée au point que, dans le secret de mon âme, je suis née une nouvelle fois… ce dernier vendredi du mois de novembre 2003 qui venait clore le chapitre de cette fugue, refermer la parenthèse de ce congé sabbatique.
Une parenthèse appelée à se rouvrir (comme une plaie non totalement soignée) le jour où nous découvririons le lac du Pêcher. Mais ce n’était pas encore l’heure. L’heure en revanche était, entre autres découvertes, à l’émerveillement devant ces territoires dont parfois je ne savais prononcer les noms de lieux-dits ni davantage entendre d’où ils provenaient. Des territoires offrant une autre nature, comme ici en Baie de Somme, à la rencontre de grandes étendues d’eau et de sable, à la rencontre des oiseaux migrateurs et des phoques veaux marins.
A l’instar des oiseaux, prenez-vous, vous aussi, votre envol ?
Nous rejoignez-vous à bord d’une bulle de savon ?
La musique d’Amélie, propice au voyage, nous vous la partageons en outre avec émotion : http://www.voyageinterieur-enfrance.com/#musique
Elle porte en elle la même douceur que la rencontre avec ces phoques veaux marins
en Baie de Somme.
EXTRAIT du voyage en Picardie, rouge brique
”Jalonnés de saules et de trembles, les hortillonnages ne dévoilent leur sereine beauté qu’à ceux qui se donnent la peine de venir naviguer en barque à fond plat sur ses rieux. Perpendiculaires aux rieux, les fossés séparent les parcelles de terrain privé. Dans les fossés, menant à l’entrée d’une maisonnette lotie d’un petit pont croquignolet, s’étalaient des jacinthes d’eau. De part et d’autre du fossé, deux voisines discutaient :
— Encore une bien belle journée ! s’exclama l’une.
— Ah oui ! Qu’est-ce qu’il fait bon vivre ici !
— Les joies de la campagne !
— Vous pensez pas si bien dire, mais avec en plus les avantages de la ville tout près, et, cerise sur le gâteau, la vue sur la cathédrale !
— Quand je pense que, dans le temps, là-bas, ça devait aussi être la campagne. Ce sont ses ancêtres qui ont alors fait don du « champ des artichauts » pour qu’on y construise la cathédrale, poursuivit madame Lefebvre en désignant de la main son plus jeune fils qui venait de la rejoindre. D’ailleurs, on les voit, ses ancêtres, au-dessus d’une des portes !
— De la cathédrale ? interrogea la voisine, interloquée.
— Pardi ! On les voit bien, les deux hortillons, la femme coiffée de la guimpe et le mari du petit béguin. Tu les as vus, hein, Christophe, tes ancêtres ?
Le garçon hocha timidement la tête. En face, un autre hortillon bêchait son jardin. Le fer plat et tranchant dut alors effrayer un ragondin qui se précipita à l’eau, puis grimpa dans les branches d’un saule.
Une bourrasque de vent secoua les feuilles d’un tremble, comme on agite des pièces de monnaie, et la bulle poursuivit son périple vers l’est, par-delà les rivières Somme et Avre qui irriguaient les hortillonnages.
(…)
Au-delà de Boulogne, au-delà de Berck, la Côte d’Opale, joyau du Nord-Pas-de-Calais, trouve son prolongement en Picardie. Jusqu’à l’ouverture de la baie de Somme, rien que la même réverbération du soleil sur des kilomètres de plages, rien que la même agitation des oiseaux de mer, rien que le même bruit des vagues. Ici, la Somme n’est pas synonyme de guerre, mais de beautés naturelles. En survolant tout d’abord le parc ornithologique du Marquenterre, Amélie était invitée à ouvrir grand le livre de la Nature pour découvrir les bécasseaux venus de Sibérie, les spatules de retour d’Afrique, les tadornes de Belon reconnaissables au bec et dos d’un marron qui tirait sur l’orange. Bref, tous ces oiseaux migrateurs qui, dans ce vaste espace naturel, venaient faire escale sur une zone de polder gagnée sur la mer. Là, argousiers et chardons bleus tentaient de fixer les dunes, mais à l’occasion des grandes marées, les eaux de la Manche venaient loin baigner les prés et donner sa saveur toute particulière à l’agneau qui y pâturait, lécher les traverses de la voie ferrée qu’empruntait encore un vieux train à vapeur presque masqué sous son nuage de fumée, lorsqu’Amélie le survola au-dessus de Noyelles-sur-Mer. À la pointe du Hourdel, d’où le village du Crotoy apparaissait en filigrane au travers d’une mer de brume, les galets participaient de l’immense aquarelle qui se peignait en baie de Somme : gris bordeaux comme ce chalutier échoué sur la berge, jaune comme la mouette ébauchée à grands traits sur fond de ciel gris-bleu, noir comme le phoque perforé par l’eau de mer sur ce galet blanc. Et qui semblait inviter à regarder mieux pour tenter d’apercevoir un de ces phoques veaux marins, aux regards si humains, qui s’étaient, eux aussi, follement épris de la baie. À hauteur de Cayeux-sur-Mer, au débouché de l’estuaire de la Somme, Amélie surprit soudain un bataillon de cabines de bain façon 1900, prêt à partir à l’assaut des vagues. Des cabines en bois blanc, au garde-à-vous, comme autant de cabanes, légèrement espacées, laissant augurer des meilleures parties de cache-cache.”
Prêt.e à vous envoler ?
Avant de parcourir la France par les petites routes et immanquablement de découvrir la Picardie, j’ose dire que ce territoire ne me parlait guère. Un territoire confidentiel, croyez-vous ? Dans le Nord, classiquement moins porteur de rêves, vous dites-vous encore ? Détrompez-vous ! La magie fut au rendez-vous de ces petites routes parcourues jusqu’à la Manche. De ces fins de terre, je vous partage quelques belles adresses ; de celles qu’on énonce avec le cœur, du bout des lèvres, dans un chuchotement, presque comme un secret.
C’est ainsi d’ailleurs que nombre d’hôtes que nous accueillons en notre écolodge repartent, avec le sentiment d’avoir découvert une cachette et bien souvent nous livrent en guise d’au revoir : « votre lieu, on saura le partager ». J’espère aussi savoir ici vous partager au mieux ces lieux chers à mon cœur.
Ces lieux, ces belles adresses reposent sur 3 piliers :
- le goût de l’Art, le sens de la poésie, laissant éclore la créativité,
- le goût de la Nature, une certaine gourmandise des bonnes choses, toujours dans le respect du vivant,
- une attente de bien-vivre, avec à la clé des expériences sin-gulières dont on appréciera le goût de l’exclusivité, du presque secret, sur le ton de la confidence.
A quoi j’ajouterai une irrésistible envie de vous faire prendre de l’altitude, pour vous propulser à hauteur de bulle, dans le bleu du ciel.
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Quand on évoque la Picardie, viennent en tête immédiatement : la côte picarde et plus particulièrement la Baie de Somme conjointement aux mémoriaux de la bataille de la Somme. Deux ambiances, deux énergies tellement différentes… ici, la vie, là, la mort, là encore comme les deux faces d’une même pièce.
Un voyage en Picardie invite donc à une découverte variée, des lieux du souvenir sur des sites commémoratifs à un séjour balnéaire en baie de Somme.
Je garde un souvenir particulièrement ému de la Baie de Somme qui, avec la baie d’Along au Vietnam, la baie de Mindelo au Cap Vert, celle des Bouches de Kotor au Montenegro ou de Tadoussac (pour n’en citer que quelques-unes qui m’ont marquée), partage la chance de faire partie du Club des Plus Belles baies du Monde, et en cela dispose d’espaces naturels remarquables qui font l’objet de mesures de protection.
Lors d’une prochaine échappée, quelque chose me dit que je ne manquerai pas d’aller pagayer pour vivre ces grands espaces autrement… en kayak, quand la découverte en petit train m’avait toutefois embarquée directement dans le Voyage, le grand. Un petit train pour de grandes émotions ; train qui toujours me captive par la lenteur retrouvée qu’il réserve au rêveur, la joie secrète de voir défiler les paysages sans pouvoir s’arrêter, sans pouvoir contrôler… juste vivre les choses à la bon’heure.
Peut-être aurai-je l’envie aussi de traverser la baie à pied, comme l’a fait Olivia et ce qui l’a inspirée au moment de retrouver son piano. Elle nous partage: « Tout commence au petit matin, il y a encore un peu de brouillard, on ne distingue pas tout, tout est immobile dans ce matin encore un peu endormi. Puis le soleil se lève et le brouillard se dissipe, et là c'est l'explosion "simple" de la vie animale si riche dans ce lieu magique : partout où on regarde, on trouve une manifestation de la beauté de la Nature. A gauche un vol d'aigrettes, à droite un héron en pleine méditation, au loin un vol de canards qui viennent se poser sur une flaque, là-haut vers le soleil, un groupe de goélands chantent à tue-tête, en bas des grenouilles qui s'échappent à notre passage... Et puis, il y a des enfants qui explorent et courent, des humains qui parcourent la traversée… » .
Et puis, pour en avoir entendu parler, j’aurai le désir de pousser la porte d’un lieu insolite, qui semble emblématique de ce territoire : j’ai nommé la sardine ou d’anciens locaux d’un mareyeur transformés en une boutique dédiée à la mer. Un lieu « pour partager les plaisirs et les vertus de ces trésors de la mer » où l'humain se veut au cœur de l'activité. Une boutique installée depuis 12 ans et qui n’est pas sans m’interpeller tant tout ici me semble contacter l’esprit même de la vie au sens noble du terme : po-éthique, singularité, créativité, bien vivre… de l’épicerie à la conserverie en passant par les soins marins, sans oublier des créations et œuvres d'artistes locaux exposées selon les coups de cœur. Et pour cerise sur le gâteau : la boutique est ouverte toute l'année, pour prendre le temps de choyer les locaux, « sève de ces lieux ».
Autre lieu original : la galerie d’art Maznel. Au cœur de la Baie de Somme, deux galeristes mettent en scène leurs découvertes dans un espace original de 100 m2 qu’ils animent régulièrement. Nous avons eu la chance d’accueillir Roseline et Jean-Luc à l’écolodge et sans vouloir briser un secret, de passer en leur compagnie une de nos soirées dédiées au bonheur. On y confronta nature et culture dans ce qu’elles peuvent nous apporter de dose de bonheur. On tomba d’accord sur le fait qu’elles avaient toutes deux leur rôle à jouer dans cette capacité de nous embarquer au pays des rêves, de l’émerveillement. Leur passion de galeristes nous enthousiasma. Un jour, assurément, nous irons les retrouver en leur espace dédié à la culture et nous ne doutons pas qu’ils sauront nous chuchoter quelques belles adresses pour approfondir notre découverte de ces terres de Picardie.
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Ultime coup de cœur dont Amélie n’aura pas fait l’expérience et qui cadre parfaitement avec mes attentes et mon goût pour les cachettes et les bouts du monde. En cela, je sais d’avance ce lieu se révéler un coup de cœur. Nombre de nos hôtes l’auront vécu avant nous : l’écolodge Au bruit de l’eau.
S’annonçant comme une « bulle d’oxygène en Baie de Somme », comment aurait-il pu ne pas retenir mon attention ? Avec pour socle l’esprit du Japon qu’il cultive, Tibo – grand voyageur parmi les voyageurs de ce monde et photographe de surcroit - invite à vivre une connexion d’âme à âme avec la nature. Une nature captée, à l’image de ces jardins japonais, dans l’embrasure d’une fenêtre basse, posée à même l’environnement extérieur. De la Suite au Lodge sylvestre ou flottant… il vous faudra faire un choix, sauf à vous y poser une semaine pour vivre les lieux de manière plus holistique.
Côté table, où l’on n’imagine pas ne pas manger en pleine conscience, l’heure est venue de savourer une cuisine végétarienne inspirée par les moines zen japonais, sur la base de produits locaux de saison qui invitent la lacto fermentation entre autres manières de vous préparer de savoureux petits plats. Partants pour découvrir ohitashi et sukemono croquants, bouillon de Udon ou Chazuke ? Assurément, un voyage dans le voyage.
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À toutes les étoiles dans le Ciel.
Aux bulles de savon de notre enfance
et à toutes les prochaines en partance vers le Ciel… tout particulièrement à l’heure de Noël. Des bulles que vous avez peut-être l’envie de former, vous aussi... en allant à la rencontre de votre enfant intérieur.
Aux notes de musique qui s’égrènent aussi en direction du ciel,
comme celles d’Olivia qui accompagne, au-delà de mes rêves,
la musique des mots, la vibration des régions.
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"Heureux qui comme Ulysse"...
Et si ensemble, nous entreprenions un beau et courageux Voyage qui mène ultimement aux frontières du profondément humain et de l'ultimement divin ?
Merveilleuse journée et Joyeux Noël !
Laurence
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