La musique de la région pour accompagner votre lecture :

Lundi 19 Décembre 2022

Cher ami lecteur et voyageur,

Qui donne à entendre qu’il a la vache limousine ou la feuille de châtaignier pour emblème donne à comprendre qu’il a la nature pour Reine. J'ai nommé là le Limousin, où les pratiques cultuelles liées à l'eau sont l'une des particularités, la nature des sols étant propice au jaillissement des sources, souvent dotées de vertus curatives.

Mentionné pour la première fois par César pour évoquer le peuple gaulois des Lémovices, qui joua un grand rôle dans la résistance gauloise et donna son nom au territoire, le Limousin valorise encore par son étymologie la combativité des hommes.

Terre de passage, il est sillonné depuis la nuit des temps par les voyageurs, les marchands ou les pèlerins. Papes et rois s'y arrêtent tandis que les premiers troubadours y déclament en langue occitane.

Composée des départements de la Creuse, de la Haute-Vienne et de la Corrèze, couvrant une partie du Massif Central, cette région réputée pour être peu peuplée offre aujourd’hui au Voyageur un séjour loin du tumulte. Une occasion en or pour se mettre au vert, de forêts en tourbières, de sous-bois en landes et bocages. Ce qu’Anny Duperey dit de la Creuse s’y applique parfaitement, à « ce pays préservé, à l’écart de l’agitation, un territoire un peu mystérieux comme un secret gardé quelque part ailleurs et au fond de soi, un paysage et une manière de vivre comme les ont connus nos grands-parents et ceux d’avant encore, au sein d’une nature omniprésente et en accord avec son rythme. Un écho nostalgique, un peu touchant mais lointain – voire un peu inquiétant en ce qu’il suppose de régression pour ceux qui ont perdu le contact avec ce monde dit révolu ». – extrait du livre Le poil et la plume.

M’accompagnez-vous pour une incursion en terre limousine… 
où la nature va jusqu’à se tisser ?

La musique originale d’Amélie, propice au voyage, nous vous la partageons avec émotion : http://www.voyageinterieur-enfrance.com/#musique

EXTRAIT du voyage en Limousin, où la nature se tisse

Comme la bulle descendait maintenant vers le sud, Musette s’exclama : 
  — Aubusson bleue, Felletin brune, Gobelin grenat, Beauvais vert olive !
  — Quoi ? questionna la fillette.
  — Pour se distinguer les unes des autres, les manufactures se sont jadis chacune attribué une bordure de couleur différente. Aujourd’hui, le carton n’est plus un simple modèle, mais une œuvre d’art signée Jean Picart Le Doux, Gaston Thiéry. C’est pourquoi la signature de l’artiste va être tissée dans la tapisserie comme on signe un tableau.

  Vers le plateau de Millevaches, une fort belle verdure avait dû inspirer les lissiers, là où la fougère géante tapissait le bas des arbres. Bientôt le sapin gagnait. Amélie aimait à observer, sans toujours savoir les nommer, la prédominance d’une espèce d’arbres, puis, parfois, quelques kilomètres plus loin déjà, sa lente disparition pour laisser place à une autre. Cela donnait des paysages d’une incroyable variété, qui réjouissaient l’œil.
  Le plateau de Millevaches, c’était en outre un extraordinaire réservoir d’eau où nombre de rivières prenaient leur source, à commencer par la Creuse. On y croisait – entre deux bourgs de maisons austères en pierre surmontées de toitures en ardoise et qui avaient pour noms Peyrelevade ou Saint-Merd-les-Oussines – des étangs et des tourbières violacées par la bruyère callune que venaient taquiner la linaigrette, la gentiane bleue des marais et la drosère poilue. 
  Dans ce paysage noyé sous l’eau, qui semblait sublimé par un filtre de couleur, on ne savait plus bien si le plateau de Millevaches était cette énorme masse de granit née de la transformation par le malin de mille vaches en autant de pierres ou si, dérivées de la langue celtique, les mille vaches auraient pour origine mille sources. Mais qu’importe !
  On continuait vers le sud pour survoler d’autres charmants villages en ardoise tel Saint-Martial-de-Gimel, le paisible étang de Ruffaud et l’on se surprenait soudain à être ébloui par Collonges-la-Rouge, où un soleil retrouvé accrochait la pierre de grès rouge pour lui conférer la magnificence du rubis.

Prêt.e à vous envoler ?

De cette terre brute et authentique de nature, je me réjouis de vous partager quelques belles adresses ; de celles qu’on énonce avec le cœur, du bout des lèvres, dans un chuchotement, presque comme un secret… au gré des petites routes et des sentiers non battus par les foules de touristes, qui classiquement raffolent de territoires plus balisés. On ne l'appréciera que davantage, en mode cachette secrète. 

C’est ainsi que nombre d’hôtes que nous accueillons en notre écolodge repartent, avec le sentiment d’avoir découvert une cachette et bien souvent nous livrent en guise d’au revoir : « votre lieu, on saura le partager ». 
J’espère aussi savoir ici vous partager au mieux ces lieux chers à mon cœur.

Ces lieux, ces belles adresses reposent sur 3 piliers :

-  le goût de l’Art, le sens de la poésie, laissant éclore la créativité,

-  le goût de la Nature, une certaine gourmandise des bonnes choses, toujours dans le respect du vivant,

-  une attente de bien-vivre, avec à la clé des expériences singulières dont on appréciera le goût de l’exclusivité, du presque secret, sur le ton de la confidence.

            A quoi j’ajouterai une irrésistible envie de vous faire prendre de l’altitude, pour vous propulser à hauteur de bulle, dans le bleu du ciel.

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Le Limousin est une terre de savoir-faire séculaires, avec Limoges, capitale de la porcelaine, en tête. Des milliers de pièces sont exposées au musée de la céramique Adrien Dubouché tandis que la manufacture Bernardaud, garante de cet artisanat qui a traversé les siècles, vous réserve un circuit de découverte installé dans une partie des anciens ateliers qui présente en détail les différentes étapes de la fabrication de la porcelaine, de la matière première au produit fini. Une démonstration et une initiation aux techniques de fabrication et de décoration vous invite à une visite interactive d’un nouveau style pour percer les mystères de la fabrication de la porcelaine, de la vaisselle de table aux pièces d’art.

30 km à l’ouest de Limoges, Saint-Junien, charmante cité de caractère, perpétue le savoir-faire de la ganterie de luxe au service des grandes maisons de couture. Dès le Moyen Age, la ville se fait une réputation dans cette spécialité qui a bien manqué passer de mode. Mais à ce jour, Saint-Junien est détenteur du titre de Capitale française du gant de peau de luxe qui lui vaut le label « Villes et Métiers d’art ».

Saint-Junien, c'est aussi un joli patrimoine au bord de l'eau, une somptueuse collégiale, et la tradition des Ostensions, célébrée tous les 7 ans et inscrite à l'UNESCO. Les premières organisées à Limoges en 994, avaient pour but de conjurer le Mal des ardents en présentant les reliques des saints à la foule. Aujourd’hui, ce sont des dizaines de milliers de personnes qui participent aux ostensions, dans un mélange de foi catholique et de ferveur populaire. Les prochaines auront lieu en 2023, qu’on se le dise. Peut-être bien l’occasion rêvée d’une nouvelle incursion en Limousin. 

Plus au sud, à Tulle, on trouve la dernière fabrique d’accordéons qui ajoute à cet écho nostalgique qu’évoque Anny Duperey. Entreprise du patrimoine vivant, la manufacture Maugein fait perdurer cet autre savoir-faire qui s’inscrit dans le paysage il y a un siècle quand Jean Maugein, accordeur de piano de son état, fonde un petit atelier qui alors fabrique, vend et répare des instruments. A la veille de la seconde guerre mondiale, c’est bientôt une usine de 3 000 m² qui sort de terre. Dès lors, la réputation de la manufacture devient mondiale et la place parmi les premiers fabricants de “piano à bretelles”... et peut-être les derniers de notre époque. 

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Envie de conjuguer balade insolite et découverte de l’ardoise ? Rendons-nous à Travassac, au cœur d’un site minéral impressionnant fait de falaises vertigineuses façonnées par l’homme au cours de siècles d’exploitation. Un site que nous aurons la chance de survoler pour plonger au cœur d'une des épopées secrètes du Limousin 😉. Savez-vous que les ardoises des toits de l'abbaye du Mont-Saint-Michel proviennent de Corrèze ? C'est à Travassac qu'elles furent extraites, en une époque où les ardoisiers se comptaient par centaines. Aujourd'hui, ils ne sont plus que trois pour faire perdurer ce patrimoine et ce savoir-faire exceptionnels.

Je me souviens, il y a treize ans, comment nous faisions reprendre toute la toiture de cette bâtisse qu’est l’écolodge en ardoises de Corrèze dites inaltérables, parfaitement imperméables et résistantes au choc et à la grêle. La passion qu’animait ces compagnons et la beauté du geste maintes fois répété m’avaient alors captivée.

Non loin, Aubazine est connue pour son Abbaye cistercienne où Coco Chanel passa toute son adolescence. À l'époque, le monastère était alimenté en eau par un canal creusé par les moines. Aujourd'hui, un sentier le long de ce canal constitue une des balades secrètes du Limousin. Le parcours de 1,5 km est ombragé et agréable, et accessible à tous.

A peine plus au sud, nous voilà partis dans un défilé de villages tous plus beaux les uns que les autres : Turenne, Collonges-la-Rouge, Curemonte.

Pour une escale tout en délices, l’hôtel restaurant de charme La Maison des Chanoines créé il y a plus de 30 ans au cœur même de la maison de famille des CHEYROUX, vieille famille de Turenne, et situé au sommet d'un de ces plus beaux villages de France, vous attend. Là, tout respire la beauté architecturale de cette époque : porte d'entrée sculptée de style gothique flamboyant, fenêtres à meneaux, escalier à vis, gargouilles... Un petit hôtel comme on n’en fait plus guère avec tout juste six chambres et un appartement, répartis dans deux maisons du XVIe siècle vous réserve des fins de journées propices au ressourcement. Le soir venu, dans l'atmosphère feutrée et intimiste de la jolie salle voûtée ou aux beaux jours sous la tonnelle, vous profiterez en outre d’une cuisine toute en finesse élaborée à partir de produits de qualité mûrement sélectionnés auprès de producteurs locaux.  

Autre lieu de séjour de charme pour alternative : le Château de Castel Novel des XIIIe et XVe siècles, entouré d'un parc de 17 hectares, où jadis vécut Colette.
Situés à proximité immédiate du château, à Varetz, Les Jardins de Colette vous invitent à plonger dans l’univers de cette romancière du siècle dernier qui, à sa passion pour l'écriture, adjoignait un attachement particulier pour la nature. Voilà donc, au travers d’un jardin, un univers où les fleurs, les jeux et les mots s’entremêlent. Un univers singulier qui n’est pas sans rappeler son chemin de vie au travers de 6 jardins distincts, tel le jardin « sauvage » de Franche-Comté où chercher du regard quel insecte joue à cache-cache sous une feuille, au creux d’une écorce ou au cœur d’une fleur… bien différent du jardin de Bretagne au mur de rochers rappelant la côte atlantique, où certains disent même avoir entendu la mer.

A 10 km, Brive réputée pour sa célèbre moutarde violette. Fabriquée avec du moût de raisin et des graines fines de moutarde, elle se distingue par sa saveur douce et épicée. Peu adepte de la moutarde dont j’apprécie pourtant les champs de fleurs jaunes, j’ai découvert avec bonheur la moutarde violette de Brive dans une sauce venant sublimer une pièce de veau. Un pur délice à savourer à la table de l’écolodge, proposé par notre Chef, Miguel, qui ne tarit pas d’éloges sur sa Creuse d’adoption.

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Si en l’an de grâce 2003, quand je partais sillonner la France par les petites routes, le plateau des Millevaches faisait bien peu parler de lui, c’est qu’à l’époque, la nature brute attirait peu de monde. Au cœur de cette pandémie que nous traversons et qui accorde aux espaces naturels loin du bruit du monde un nouvel intérêt en ce qu’ils rassurent et ressourcent, ce même plateau, désormais classé Réserve naturelle de ciel étoilé, invite à se retrancher pour mieux se retrouver. Par-delà la poésie des étangs qui le jalonnent, il est un village : Clédat. Toits de chaume, vieilles pierres, chaos rocheux, jardin sculpté, petite chapelle en trament le charme incontestable. De ce refuge des pèlerins inoccupé depuis les années 1960, de ce hameau entretenu par des passionnés, on dit qu’il est l’une des perles secrètes du Limousin.  

Sur ces terres, anciennement landes à bruyères, s’entremêlent aujourd’hui feuillus et conifères. Au départ de Peyrelevade, le circuit des croix (en granit, témoignage ancestral d'une forte dévotion chrétienne), long de 19 km, serpente au milieu de ces paysages figés, en contournant le Puy de la Jarousse (810 m) jusqu’au lac de Servière avant de redescendre vers Couffy puis de remonter en direction de Chamboux et Vinzannet. Le chemin suit la Vienne et le Puy Ferron (779 m) avant de boucler la boucle dans un silence revigorant.

Silence, oui. A moins d’être tenté par l’une de ces marches sonores créées par l’artiste Pierre Redon, qui se présentent comme autant de parcours, de randonnées que le marcheur vit à l’aide d’un baladeur MP3 et d’une carte (à emprunter à l’Office de Tourisme de Felletin), invitant à des stations pour des moments d’écoute de créations à mi-chemin entre musique des sphères et réalité ethno-sociologique sous forme d’entretiens, entre mémoire et présent instantané. De ses marches ressortent une attention paysagère fine marquée par la conscience environnementale et alimentée par l’attention à l’eau, la po-éthique de l’eau aurais-je envie d’ajouter. Cette même poétique qu'Olivia a ressenti devant son piano dans l'accompagnement de ce chapitre. 

A Aubusson comme à Felletin, la tapisserie règne en maître et se modernise ces dernières décennies en collaborant avec de grands artistes contemporains. L’eau, qui de tout temps, a inspiré les lissiers, y anime le pinceau des peintres autant que les paysages des tissages. Depuis 2016, la Cité de la tapisserie d’Aubusson offre un espace théâtralisé à ce savoir-faire de haute précision reconnu au patrimoine immatériel de l’Unesco.

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Ultime coup de gueule en lieu et place du désormais rituel coup de cœur, dont Amélie n’aura pas fait l’expérience : Oradour-sur-Glane, dramatiquement célèbre et qui m'a marquée à jamais à l'heure des cours d'histoire de l'enseignement secondaire. 
Village martyr dont la population fut massacrée durant la Seconde Guerre Mondiale, il se visite aujourd'hui librement et dans ce même état de délabrement dans lequel il a été laissé par ses bourreaux en ce bien triste jour de 1944. Les maisons détruites, les ruines de l'église, la carcasse rouillée d'une vieille voiture… tout constitue ici un lieu de mémoire, de souvenir et de recueillement, en cette terre du Limousin. 
Nul doute qu’Amélie en aurait perçu l'ambiance pesante et solennelle ; cette même atmosphère chargée que j'ai pu ressentir lors de la visite du camp de concentration de Terezin, sur une autre terre. Nul doute qu'elle se serait questionnée et aurait interrogé Musette sur le sens de cet acte-là, innommable, insondable. A des années lumière de l'Esprit de Noël qui nous attend ces prochains jours. 

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À toutes les étoiles dans le Ciel.

Aux bulles de savon de notre enfance
et à toutes les prochaines en partance vers le Ciel.

Aux notes de musique qui s’égrènent aussi en direction du ciel,
comme celles d’Olivia qui accompagne, au-delà de mes rêves,
la musique des mots, la vibration des régions.

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"Heureux qui comme Ulysse"...

Et si ensemble, à l'approche de Noël - nous entreprenions un beau et courageux Voyage qui mène aux frontières du profondément humain et de l'ultimement divin... en quête de Paix et de Po-éthique ? 

Merveilleuse journée,
Laurence