Juillet 2021 - La Lettre d’Amélie n°2 : RHÔNE-ALPES

La musique de la région pour accompagner votre lecture :



Lundi 19 juillet 2021

Cher ami voyageur,

Pétrie du beau, du bon, du sain et du serein, j’ai le Voyage dans le sang et à cœur de contacter l’âme d’un lieu, lorsque je pars en vadrouille.

Mes itinérances sont autant de flâneries qui invitent à la rencontre, à l’inspiration, à l’épanouissement des sens, à l’éblouissement. C’est ainsi que j’aime le Voyage.

Ressentir l’âme d’un lieu, l’humain comme force de vie,
voilà mon crédo.


Quels que soient les lieux que j’ai fréquentés, les villages dont j’ai poussé la porte, les espaces naturels que j’ai parcourus, du plus loin que je me souvienne… toujours sont restés gravés en moi ces lieux qui portaient l’empreinte de l’Homme, dans la joie de la rencontre et du partage. C’est ainsi que je terminais l’écriture de ce livre, à la croisée du récit de voyage et du conte initiatique : « Tant que voleront des bulles de savon », en remerciant naturellement :

- Jérôme, rencontré sur les petites routes du Languedoc Roussillon,
- Françoise dans ce petit village de Turenne,
- les sœurs de Solesmes,
- Bruno du côté de Salers,
- mais encore Fabrice et Roger croisés sur les sentiers du Puy Mary…

Ces dernières années, je pourrais ajouter à la liste :

- Caroline et Guilhem et dans les gorges de la Dourbie,
- ou encore Michel (Guérard) à Eugénie, qui sait habiter poétiquement le monde.


Je vous embarque à hauteur de bulle ? 

Vous pourriez bien, vous aussi, vous souvenir de celles que vous avez formées dans votre enfance et que vous regardiez s’éloigner dans le ciel, comme une coccinelle partant exaucer un vœu.


Photo : Eva Bigeard

Photo : Eva Bigeard

Pour vous embarquer mieux encore, j'ai la joie d'avoir invité à bord de la bulle  Olivia, pianiste intuitive, qui mettra une région en musique... au fil des mois, chaque 3e lundi de chaque mois dans sa chronique "Good Monday Morning".
Une délicieuse manière de vous partager la couleur d'un territoire.

Le lundi 21 juin dernier, c’était comme un prélude pour vous mettre en ambiance au coeur de mon Auvergne d’adoption. Ce lundi 19 juillet, jour de mon anniversaire - contre toute attente - le livre s’ouvre sur la région Rhône-Alpes. Je vivais alors à Megève lorsque je m’offrais ce voyage, à la faveur d’un congé sabbatique. Sept mois tout autour de la France, en solitaire… enfin, pas tout à fait. Nous étions en l’an de grâce 2003 et je faisais la merveilleuse rencontre d’Amélie.  

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EXTRAIT du voyage en Rhône-Alpes, sur la route des Grandes Alpes 

”Cette fois-là, d’un même souffle, la fillette forma une multitude de bulles. Elle se concentra sur la plus grosse d’entre elles, pensant qu’elle y serait plus à son aise, et claqua des doigts.

S’étant envolée par la porte-fenêtre entrebâillée de sa chambre, la bulle prit vite de l’altitude. Amélie eut toutefois le temps de faire volte-face pour s’observer dans le vitrage, douillettement blottie dans ce cocon irisé. Juste le temps de se faire un clin d’oeil, comme elle aurait pu finalement se souhaiter bon vent, et la voilà qui survolait à présent les toits des maisons, puis, s’éloignant du village, la montagne, une forêt de sapins dans le creux de laquelle elle distingua avec attendrissement un troupeau de chamois. L’émerveillement auquel invitait cette itinérance évinçait toute peur éventuelle. Pas même l’appréhension que la bulle puisse éclater.
Ensuite, il y eut le mont Blanc, majestueux, que beaucoup de randonneurs expérimentés avaient pour rêve d’atteindre. Cela faisait l’objet de longs entraînements, car la montée était périlleuse. Et voilà qu’elle, Amélie, une fillette de tout juste huit ans, l’atteignait par la voie royale ! Quel homme formidable que ce Père Noël, tout de même ! se répéta Amélie. Elle admira encore et encore le toit de l’Europe, le refuge du Goûter qui brillait non loin, puis, d’un claquement de doigts, se décida à regagner sagement sa chambre, avant de prochaines aventures.”

Rhone Alpes Mont blanc.jpg

Prêt.e à vous envoler ?

Au cœur des Alpes qui m’ont invitée à rencontrer puis à adopter quinze ans durant la montagne pour Maitre de vie, dans la verticalité qui appelle au dépassement de soi, j’ai en mémoire quelques belles adresses ; de celles qu’on énonce avec le cœur, du bout des lèvres, dans un chuchotement, presque comme un secret.

C’est ainsi d’ailleurs que nombre d’hôtes que nous accueillons en notre écolodge repartent, avec le sentiment d’avoir découvert une cachette et bien souvent nous livrent en guise d’au-revoir : « votre lieu, on saura le partager». J’espère aussi savoir ici vous partager au mieux ces lieux chers à mon cœur.

Ces lieux, ces belles adresses reposent sur 3 piliers :

-  le goût de l’Art, le sens de la poésie, laissant éclore la créativité,

-  le goût de la Nature, une certaine gourmandise des bonnes choses, toujours dans le respect du vivant,

-  une attente de bien-vivre, avec à la clé des expériences singulières dont on appréciera le goût de l’exclusivité, du presque secret, sur le ton de la confidence.
            A quoi j’ajouterai une irrésistible envie de vous faire prendre de l’altitude, pour vous propulser à hauteur de bulle, dans le bleu du ciel.

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Quand on évoque Rhône Alpes, viennent en tête immédiatement :
- Lyon, ville classée au Patrimoine Mondial de l’Unesco avec sa vieille ville et ses traboules,
- Grenoble, ville moderne structurée dans l’axe de son tramway, dans la proximité des Massifs du Vercors et de la Chartreuse
- et les stations alpines, principalement dans une approche enneigée.

Les Alpes n’en sont pas moins époustouflantes de beauté aux beaux jours et ses cols, de purs joyaux lors d’une possible traversée de la Route des Grandes Alpes.

Invitant à de merveilleuses itinérances à pied, à vélo ou en voiture, les Chemins du baroque® recensent près de 80 édifices sur le territoire savoyard. Dans le Beaufortain et le Val d’Arly, les églises de Queige, Hauteluce et Beaufort (où la chaire monumentale vaut le détour) témoignent d’une unité artistique. Les chapelles de Bessans et Lanslevillard méritent également toute l’attention du visiteur.

En juillet, c’est tout le pays du Mont Blanc qui vibre lors du festival de Cordon où pendant une dizaine de jours, musique, architecture et histoire locale s’unissent pour faire jaillir l’esprit baroque d’antan. L’itinérance est festive, de Megève à Passy, de Domancy à Sallanches ou encore de Servoz à Praz-sur-Arly.


L’âme des Alpes est pétrie par une montagne qui invite à se connecter à la nature et à tout un écosystème singulier, du chamois au gypaète barbu
(observé depuis le refuge de Doran au-dessus de Sallanches au pied de la Pointe Percée).

Je garde un grand souvenir lors de mes itinérances, du Cormet de Roselend qui, à 1 968 m. d’altitude, relie le Beaufortain à la vallée de la Tarentaise, dans un environnement des plus verdoyants, avec pour attrait majeur, le lac du barrage de Roselend. C’est le point de départ de randonnées au cœur des alpages du Beaufortain.

Un autre col m’a émerveillée à maintes reprises, parmi les plus passants toutefois, sans que cela ne vienne à me gâcher la magie du lieu : le Col des Aravis qui fleure bon le pastoralisme. Le chalet d’alpage de Porrez permet de profiter d’une vue magistrale sur les Aravis, à l’occasion d’un repas en partage… pour 14 personnes tout au plus. Un lieu paisible, un cadre empreint de l'authenticité de cette terre alpestre pour une gastronomie aussi simple que belle, exécutée avec précision par un chef étoilé. Confidentiel comme j’aime.

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Coups de cœur, parmi les souvenirs inoubliables de mes années dans les Alpes, ces refuges de fins de semaines :
- l’Albert 1er ou la magie d’une nuit blanche à regarder les grimpeurs encordés sur ce glacier du Tour qui dégueule juste en dessous du chalet. Par une nuit de pleine lune. Inoubliable.

- le refuge du Lac blanc qu’on atteignit en fin de soirée, en fin de tempête. Tout le monde avait annulé… pas nous. Ce fut une soirée féérique, théâtrale, à diner seuls en regardant les nuages courir et prendre les montagnes en écharpe, en écoutant le vent souffler. Il faisait trembler le téléphérique préalablement… et nous avions d’ailleurs fait partie du dernier wagon avant la fermeture. Au petit matin et après une nuit douillette sous une couette à petits motifs de cœur (il fallait bien cela pour nous border une jolie nuit), le ciel était limpide, un bouquetin sur la crête juste en face, le lac miroitant le mont Blanc. Définitivement féérique.

- le refuge du Montenvers (à l’époque, Grand Hôtel)… pour cette randonnée grand spectacle sur un sentier en balcon, ce diner et cette nuit dans une maison tout en bois et qui exsudait des mémoires d’antan. Actualisé ces dernières années par la famille Sibuet (bien connue pour ce morceau de patrimoine hôtelier que sont les Fermes de Marie), il met les glaciers à portée de main. Un lieu où apprécier le paysage et quelques spécialités au Panoramique de la Mer de Glace, bistrot avec vue qui transpire le charme d’une laiterie revisitée dans un esprit industriel. A moins de préférer le restaurant du Montenvers pour une roborative fondue, une tartiflette ou une écorce de sapin.  Pour le retour à Chamonix, le petit train rouge vous attend pour un voyage d'une vingtaine de minutes. Une journée tout simplement féérique, à possiblement prolonger en passant la nuit au dortoir ou dans l’une des chambres de randonneurs.

- la Crèmerie du glacier, une jolie adresse d’ambiance refuge mais tout à fait accessible en voiture, du côté d’Argentière. A l’époque, on dormait sur site. Aujourd’hui, on y dine seulement. Le nom et l’histoire remontent à 1926. A cette époque, Georges Ravanel exploitait la glace du glacier d’Argentière pour la vendre dans les hôtels et les restaurants de la vallée. Au plus proche de son activité, il construisit une petite cabane en bois qui deviendra, au fil des ans, une halte obligatoire pour les nombreux randonneurs assoiffés. Il faudra attendre les années 1950 pour que Solange, sa fille, reprenne la Crèmerie pour y servir des goûters, des boissons à base de lait (d’où l’origine du nom crèmerie), dont ces chocolats chauds réconfortants accompagnés de tartes maison.

- les Chalets de Philippe : du grand luxe en toute simplicité. Si vous rêvez de vous voir conter les Alpes, alors, voici l’adresse. Une de mes adresses fétiches à l’heure où je me rappelle ce petit chalet les Clarines, le diner sur notre terrasse accompagné d’une bouteille de Champagne… et puis, cette soirée au hammam, dans les senteurs des produits d’accueil Eau d’orange verte d’Hermès. Rien de moins. Un grand moment.

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Ultime coup de cœur, gustatif, dont Amélie n’aura pas fait l’expérience : le Coussin de Lyon. Spécialité Lyonnaise sucrée d'un Maître chocolatier de renommée mondiale "la Maison Voisin", il se compose d'une ganache de chocolat fin noir recouvert d'une couche de pâte d’amande teintée au Curaçao bleue. Inoubliable.

Classé au "patrimoine national de la confiserie", il est à l’origine d’une jolie histoire : à Lyon, au XVII siècle, les échevins Lyonnais organisaient une procession sur la colline de Fourvière pour demander à la vierge de sauver la ville ravagée par une épidémie de peste. Ils déposèrent à la vierge un cierge de sept livres de cire et un écu d’or sur un coussin de soie. C’est en mémoire de ce coussin que le Maitre chocolatier Voisin créa en 1960 cette confiserie artisanale. Aujourd’hui la chocolaterie est labellisée Entreprise du Patrimoine Vivant.

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À toutes les étoiles dans le Ciel.

Aux bulles de savon de notre enfance
et à toutes les prochaines en partance vers le Ciel.

Aux notes de musique qui s’égrènent aussi en direction du ciel,
comme celles d’Olivia qui accompagne, au-delà de mes rêves,
la musique des mots, la vibration des régions.

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"Heureux qui comme Ulysse"...

Et si ensemble, nous entreprenions un beau et courageux Voyage qui mène ultimement aux frontières du profondément humain et de l'ultimement divin ? 
Sur fond de mélodie d’Amélie pour passer de terre à Paradis ?

Merveilleuse journée,
Laurence 

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