Mars 2023 - La Lettre d’Amélie n°22 : ALSACE
La musique de la région pour accompagner votre lecture :
Lundi 20 Mars 2023
Cher ami voyageur,
Riche de ses gewurztraminer, riesling et autre pinot noir ou gris, l’Alsace est une terre de vignobles à l’identité unique. Je l’ai découverte à l’heure de Noël, classiquement certes, mais alors qu’elle semble révéler son âme, ce qu’elle a de plus étincelant et de plus chaleureux à offrir.
Dès les premiers jours de l’Avent, de Colmar à Strasbourg, les maisons se mettent à l’heure divine de Noël. Les fenêtres se parent d’étoiles, les portes, de couronnes de houblon, tandis que l’on vit à l’unisson de ces marchés aux couleurs du bonheur qui réchauffent les cœurs. Il n’est pas une église qui ne prenne part à l’événement. Alors, comment ne pas nous projeter à l’heure de Noël ?
Pour qui souscrit au message d’Amélie qu’on naît de la présence à la Vie, dans la vigilance du cœur qui fusionne le rêve et la raison… c’est en vérité tous les jours Noël, temps d’émerveillement et de poésie. Alors, déroulons comme un long ruban ce chapelet de villages et de villes.
Dernier Voyage, dernier appel !
Embarquez-vous à mes côtés en bulle de savon ?
EXTRAIT du voyage en Alsace, au Pays des cigognes blanches
” Agenouillée, la tête entre les mains, Amélie écoutait, sans plus broncher, Musette qui, au mystère du Père Noël, substituait celui de l’enfant Jésus, de ses miracles, du don de sa vie.
À l’arrière-plan, l’Alsace déroulait ses tapis de vigne et son village d’Eguisheim, enroulé sur lui-même comme un escargot. Le développement du village en cercles concentriques fit naître, de la bouche d’Amélie, une remarque bien pertinente :
— C’est un village en escargot comme en Provence, sauf qu’il est tout à plat. En Provence, les villages se déroulent vers le ciel.
Elle embrassa du regard les maisons à colombages ici jaune d’or, là bleue aux volets roses avec un balcon en fer forgé qu’escaladait un vrai faux Père Noël. Il était écrit sur la façade : « Hostellerie du Pape ».
— Et c’est quoi, le rapport entre le pape et le Père Noël ? Décidément, tout le monde s’évertuait à brouiller les cartes.
À gauche maintenant, une rue pavée se séparait en deux… toujours bordée d’adorables maisons à colombages. Sur celle-ci, un losange symbolisait la fertilité, sur telle autre, une croix de Saint-André venait signifier la prospérité, sur celle-là, un signe solaire devait valoir une récolte abondante. La toute petite maison jaune d’œuf au double toit et au petit escalier de bois ramassé sur le devant lui fit penser à la maison de la sorcière qui hébergea jadis Hansel et Gretel… faite de pain, recouverte de gâteaux et aux fenêtres en sucre. Mais point de nez crochu débordant de l’encadrement de la porte.
Avant de continuer sa route vers le nord et de survoler les toits de Turckheim, la bulle de savon plana encore au-dessus du château des comtes d’Eguisheim à la tourelle de tuiles vernissées turquoise, ocre et vert. Puis elle survola, dans le même périmètre, l’église et la fontaine que surplombait une statue de Léon IX, unique pape alsacien né dans le château voisin et couronné en 1048.”
Prêt.e à vous envoler ?
D'une Alsace qui suscite la fascination, je me réjouis de vous partager quelques belles adresses ; de celles qu’on énonce avec le cœur, du bout des lèvres, dans un chuchotement, presque comme un secret… au gré de petites routes buissonnières, au hasard de la Route des Vins ou de la Route Romane.
Rare et confidentiel, c’est encore et toujours mon fil rouge pour percer l’âme d’un territoire. C’est ainsi que nombre d’hôtes que nous accueillons en notre écolodge repartent, avec le sentiment d’avoir découvert une cachette et bien souvent nous livrent en guise d’au revoir : « votre lieu, on saura le partager ». J’espère aussi savoir ici vous partager au mieux ces lieux chers à mon cœur.
Ces lieux, ces belles adresses reposent sur 3 piliers :
- le goût de l’Art, le sens de la poésie, laissant éclore la créativité,
- le goût de la Nature, une certaine gourmandise des bonnes choses, toujours dans le respect du vivant,
- une attente de bien-vivre, avec à la clé des expériences singulières dont on appréciera le goût de l’exclusivité, du presque secret, sur le ton de la confidence.
A quoi j’ajouterai une irrésistible envie de vous faire prendre de l’altitude, pour vous propulser à hauteur de bulle, dans le bleu du ciel.
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Colmar, c’est probablement « la cité alsacienne de Noël » ; celle qui fait référence, qui illumine les cœurs. Les marchés, disséminés au cœur de la vieille ville, rivalisent dans le pouvoir d’attraction qu’ils exercent sur le voyageur, autant que les façades des maisons à colombages et les enseignes qui invitent à lever les yeux. Idéalement, on la (re)découvrira en barque à fond plat, à prendre au bas du pont Saint-Pierre.
Qui, comme moi, est contempl’actif, se réjouira de cette exposition de Fabienne Verdier en cours jusqu’en mai 2023 au Musée Unterlinden… où le peintre explore, au travers d’un ensemble de tableaux (Rainbows), le sujet de la représentation de la mort, non plus dans sa finitude mais comme la trace d’une énergie qui se transmet aux vivants. Toute la puissance des liens invisibles entre l’Homme et les énergies vitales qui animent le monde est inspirée par le spectre chromatique et l’aura de lumière, retranscrits par Matthias Grünewald dans la Résurrection du Retable d’Issenheim. Ce retable ouvert permettait aux pèlerins et malades de vénérer saint Antoine, protecteur et guérisseur du feu ou mal des ardents. Une maladie liée au seigle dont cette terre de Haute Auvergne qui m’a accueillie garde la mémoire.
Pour se régénérer après la visite, on passera par la pâtisserie Gilg pour une pause kougelhopf. Ici, les raisins ne sont pas macérés dans du rhum mais dans de l’eau de vie de kirsch. L’origine de cette brioche alsacienne invoque un roi mage qui, en sortant de la crèche, y aurait oublié son chapeau, un turban en fil d’or serti de diamants, en forme d’amande. Ce couvre-chef aurait été ramené à Strasbourg par un croisé et aurait servi de moule à un pâtissier de la ville. Ainsi serait né le “Kugelhopf”, qui signifie “turban” en alsacien.
Flâner dans les rues pavées d'Eguisheim, classé parmi les Plus Beaux villages de France, est un moment unique à se réserver lors d’un séjour en Alsace. Richement pourvu d’anciennes demeures aux toits pointus, aux couleurs vives et aux façades à colombages, ce petit bijou médiéval bâti autour de son château, se déploie en cercles concentriques, laissant apparaitre çà et là, des fontaines, des cours et une église abritant une "Vierge Ouvrante" du XIIIe siècle. Cette dernière offre un air de ressemblance avec les Vierges en majesté romane : même posture hiératique, même naïveté d’exécution. Rares (moins d’une cinquantaine dénombrée sur la Planète), ces sculptures, qui visaient à ouvrir les fidèles aux mystères divins, suscitèrent des critiques de la part des théologiens. Pouvant laisser penser que Marie était reconnue comme mère des trois « personnes » de la Trinité, elles furent détruites dès le XVe siècle avant d’être officiellement interdites par le Concile de Trente. Certaines, protégées par les fidèles, réchappèrent. Ainsi, celle d’Eguisheim.
A la croisée de la galerie d’art contemporain et de l’atelier de création de bijoux, RampART est un lieu à part proposant des variations autour des pierres semi-précieuses, de verre de Murano, de cristal Swarowski. Un lieu qui fonctionne au coup de cœur de sa propriétaire Patricia et qui laisse augurer de jolis moments d’échange.
Etabli dans l’ancienne cour dimière du grand prévôt de Strasbourg datant de 1663. La vigne en AOC du domaine Paul Schneider s’étend sur 14 hectares. Visite et dégustation en vue avant de poursuivre la route !
Blottie au pied d'un autre vignoble réputé, le Brand, Turckheim a su préserver son caractère moyenâgeux avec ses trois portes. Pendant la période de l'Avent, La Ronde du Veilleur de Nuit, habillé en costume d'époque, portant tricorne, hallebarde, cor et lanterne, vous embarquera dans la magie d’une histoire encore bien prégnante.
A Kaysersberg, les odeurs de cannelle se mêlent aux effluves de vin chaud épicé à travers les ruelles animées. Au-delà de son authentique joli marché, Kaysersberg propose en cette période de fêtes une programmation de concerts chaque dimanche de l'Avent, en l'église Sainte Croix. Typique de la région, Kaysersberg saura à coup sûr vous charmer. Son pont fortifié au-dessus de la rivière Weiss et son château impérial de Schlossberg figurent parmi les atouts majeurs d’un village des plus séducteurs.
Au cœur du vignoble, la verrerie artisanale de Kaysersberg symbolise la continuité d'un savoir-faire ancestral devenu aujourd'hui de plus en plus rare : le verre "soufflé bouche, fait main". Du souffle de leur passion et des mains de leurs maîtres-verriers sont façonnés luminaires, articles de table et de décoration, notamment pour l’heure de Noël. On y contemple le feu, la magie de la vie au cœur du travail du verre, dans le spectacle de leur quotidien autant que côté boutique.
Suivant la saison, assurément tout imprégnés de l’énergie de Joie de Noël, que diriez-vous d’une journée avec pique-nique chic en voiture vintage, le temps d’explorer en mode Slow ce merveilleux territoire ? Choisissez-le gourmand et imaginez... du foie gras accompagné de brioches, quelques légumes à croquer, des fruits, des biscuits, du vin… au volant d’une traction avant ou d’une Cadillac.
Entre crêtes des Vosges et plaine d’Alsace, Riquewihr est une cité médiévale, qui marie depuis des siècles la qualité de son architecture à celle de ses vins, d’où son nom de "Perle du vignoble alsacien". Voltaire possédait quelques parcelles de ces vignes réputées.
De ses fortifications médiévales, Ribeauvillé, village voisin, conserve encore aujourd’hui une partie de son mur de remparts et certaines de ses tours défensives, dont la « Tour des Bouchers » (du XIIIe siècle, reconstruite au XVIIIe siècle), qui doit son nom à la corporation des Bouchers (chargée, en cas d’attaque de défendre la ville à partir de cette tour). Egalement située sur la Route des Vins, cette autre cité médiévale se veut en outre festive bien avant Noël puisque tous les premiers week-ends de septembre, elle s’anime à l’occasion de la fête des Ménétriers. À partir du XIVe siècle, ces troubadours eurent pour coutume de se réunir dans le village qui, depuis, perpétue la tradition en musique. Danse, chants et défilés costumés sont alors au programme.
Au n°2 de la rue du Lutzelbach, l’atmosphère de La Grange du Couvent est celle d’un chalet alsacien. Pour la page d’Histoire, dès 1869 et durant près de 150 ans, La Grange du Couvent fut utilisée par les sœurs de la divine providence de Ribeauvillé comme un atelier annexe au couvent, servant tour à tour d’entrepôt et d'atelier, et permettant aux sœurs, jusqu'en 2006, de réaliser elle-même le vin de leur congrégation. C'est dans cette bâtisse entièrement transformée en maison d’hôtes de charme depuis, que La Grange du Couvent vous invite à la pause au cœur d’un jardin paysagé complété de plusieurs terrasses.
A moins d’une heure de route, tout près de Dambach-la-Ville, la barre de grès rose qui abrite les ruines du Falkenstein présente tout l’attrait d’un lieu de conte. Telle une nef médiévale, elle semble planer au-dessus de la forêt de Hanau avec pour animal totem, en quelques sortes, le faucon. D'où son nom, issu de Falken, faucon et Stein, rocher. Les ruines du château, construit au XIIe siècle sur ordre du comte de Lutzelbourg afin de protéger ses possessions en forêt sainte de Haguenau, forment aujourd’hui une fine dentelle variant de l'ocre au rouge écarlate, suivant la lumière.
Pour la suite de l’histoire, le dernier des sires de Falkenstein vendit le château à Philippe IV de Hanau Lichtenberg en 1564. Quelques semaines après la transaction, le château fut détruit par un violent incendie provoqué par la foudre. L'édifice, dit-on, brûla 5 jours et 5 nuits et les quelques bâtiments reconstruits à la hâte furent finalement démantelés en 1680. On raconte que dans ce qu'il reste de la cave, un tonnelier-fantôme viendrait quelquefois frapper, vers minuit, autant de coups de maillet qu'il y aura de barriques de vin dans l'année...
En tirant à l’Ouest au coeur du Val de Villé, la distillerie Jos Nusbaumer, artisanale et indépendante depuis 1947, réalise toute une gamme d’eaux-de-vie et de liqueurs du terroir. Grâce à son climat continental, aux étés chauds et aux hivers rudes, le val de Villé produit des fruits d'une qualité particulièrement appropriée pour la fabrication des eaux-de-vie. Dans son musée, au cadre exceptionnel, la distillerie Jos Nusbaumer vous fera découvrir et déguster ses fabrications qui ont rejoint l’espace de notre bar de digestifs pour des instants d’Absolu.
Dans un écrin de verdure, Boersch cache quelques trésors de la Renaissance. On ne manquera pas d'y remarquer l'Hôtel de Ville et son escalier à vis logé dans une tourelle. Au détour des ruelles, on admirera les maisons à colombages et leurs nombreux emblèmes de métiers, notamment l'ancienne maison des chevaliers teutoniques.
Sur la Route des Vins et la Route Romane, Rosheim bénéficie d'un passé particuliè-rement riche dont témoigne son patrimoine architectural. Au détour des rues, vous découvrirez l'un des plus vieux bâtiments civils d'Alsace, la Maison Romane, dite aussi Maison Païenne mais encore l'église Saints Pierre et Paul (deux constructions du XIIe siècle) qui comptent parmi les joyaux de l'art roman. Les anciennes portes, le puits à 6 seaux, l'hôtel de ville sont autant de marques du riche passé de la ville.
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A Strasbourg, de l'Avent au 31 décembre, la place de Broglie et la place de la Cathédrale accueillent, chaque année depuis 1570, le Christkindelsmärik. Ce marché de l’Enfant Jésus est le plus ancien marché de Noël, tandis que, Place d’Austerlitz, se tient le marché des bredele.
Capitale européenne et ville de culture, la ville est louée pour son équilibre entre architecture futuriste et cité ancienne.
"Prodige du gigantesque et du délicat" selon le mot de Victor Hugo, la Cathédrale Notre-Dame est un lieu sacré, chef d’œuvre absolu de l’art gothique, qui protège une horloge unique au monde. Créée par un collectif de mathématiciens, mécaniciens et artistes, elle calcule les éclipses de lune et de soleil tandis que chaque jour, à 12h30, le défilé des apôtres devant le Christ est ponctué par le battement d’ailes et le chant d’un coq. L’ascension vers la plateforme de la cathédrale invite à renouveler son regard pour apercevoir d’un côté, les Vosges, de l’autre, l’Allemagne et la Forêt Noire… tout en surplombant les toits pentus.
N’hésitez pas à vous rendre à la Cave historique des Hospices de Strasbourg, une institution vieille de six siècles, aujourd’hui gérée par une trentaine de domaines de la région qui y élèvent leurs vins.
Premier musée en France exclusivement consacré au dessin d’illustration du XXe siècle et d’aujourd’hui, le Musée Tomi Ungerer invite à explorer un riche secteur d’arts graphiques longtemps considéré comme un art mineur, mais véritable tradition à Strasbourg où est né Gustave Doré. Voilà qui me rappelle ce beau livre, parmi mes premiers cadeaux qui ont compté, des Fables de La Fontaine, illustrées par Gustave Doré. Des contes sous forme d'allégories ou des dessins, je ne sais ce qui m’a le plus embarquée dans des rêveries diurnes autant que nocturnes.
Artiste multiforme, qui a abordé le dessin de livres pour la jeunesse autant que la publicité ou le dessin satirique, Tomi Ungerer a fait don à sa ville natale de quelques 14 000 dessins, que fait vivre ce musée installé depuis 2007 dans les murs de la Villa Greiner. Son livre Les Trois Brigands est devenu un classique pour les enfants tandis que ses affiches politiques comme ses dessins de satire sociale sont considérés comme des images iconiques de par le monde.
Pour les gourmets, après la visite, il est quelques maisons dont il vous faut pousser les portes.
Au 14, Rue des Dentelles, poussez donc celle de cette jolie boutique toute exotique pour découvrir les plus belles créations du pain de toutes les délices. Ce pain d’épices qui, depuis 1933, se veut un savoir-faire familial que Mireille Oster choie, respecte et enrichit. De ses voyages de par le monde, en bonne Ambassadrice d’Alsace, elle ramène des saveurs, des arômes et des ingrédients inédits qu’elle mélange à ses recettes. Quatre ingrédients, clame-t-elle, l’Amour de surcroit par pincées généreuses… et puis, pépites de chocolat, pruneaux macérés dans du vin chaud à la cannelle, pomme, raisins, noix et glaçage au calvados pour l’Eden, ou encore clémentines, noisettes concassées et grillées pour le pain Valentine. Ce ne sont là que quelques-unes de ses nombreuses recettes à savourer, en gourmet, en petits carrés qui, pour révolutionnaires qu’ils puissent paraitre, respectent la tradition.
Autre possible, mais il va peut-être falloir choisir… ou pas : Au fond du jardin, c’est la madeleine qu’on célèbre, en mode Joaillerie, invitant de surcroit les codes du Voyage dans sa fabrication pour vous embarquer corps et âme. Façonnées, moulées, décorées, poudrées puis « maquillées » à la main, elles vous sont proposées lors d’un tea-time d’ambiance victorienne, ou expédiées si vos pas ne vous mènent pas à cette heure à Strasbourg mais que l’envie est telle que vous ne sauriez patienter.
Autre lieu de délices : Les confitures du Climont… et toute une histoire qui le sous-tend.
En 1985, Fabrice Krencker, passionné de confitures depuis son plus jeune âge, transforme sa cave voûtée de 12 m² en laboratoire de fabrication de confitures et gelées. Il démarre son activité avec une casserole en aluminium et une cuisson à l'écumoire. Deux ans plus tard, il achète l'ancienne colonie de vacances voisine pour y installer sa confiturerie artisanale.
Dans des chaudrons de cuivre centenaires, il concocte par ailleurs des crufitures d’églantine (cynorrhodon, "Gratte-cul" ou, en alsacien: "Buddemües" ), de myrtille sauvage, de carotte au Marc de Gewürzstraminer ou encore un confit de fleurs de pissenlit. Partant du constat que l’énergie nécessaire à la cuisson des confitures représente un coût financier et écologique important (et voilà qui est plus d’actualité que jamais), Fabrice met au point une nouvelle génération de confitures sans cuisson, sans gélifiant et sans conservateur, pouvant toutefois se conserver plusieurs mois à température ambiante. Le résultat est comparable à de la confiture par sa texture, mais présente plusieurs avantages : des qualités organoleptiques et nutritionnelles mieux conservées que dans une confiture classique (plus de vitamine C). Ni gaz, ni électricité, ni aucune autre énergie n’est utilisée pour évaporer l'eau des fruits : ce sont le vent et le soleil qui s'en chargent. Pour contribuer à la réduction des déchets, la vente se fait aussi en vrac et il vous est possible d’apporter votre contenant, à moins d’acheter sur place des bocaux en verre vides. Une adresse assurément pas commune, labellisée Entreprise du Patrimoine Vivant.
Le soir venu, filez 3, Rue du Chaudron, à la Winstub Le Clou. Lambrissée de bois et richement décorée de tableaux de Hansi, voici un lieu de rêve où déguster le Baeckeoffe parmi bien des spécialités alsaciennes, à l’une de ces tables habillées de nappes de Ribeauvillé où s’expriment viandes et légumes de producteurs locaux et vins du Haut et Bas-Rhin.
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Au Nord-Ouest, à une petite demi-heure de route de Strasbourg, si vous êtes enclins à vous émerveiller, la scène du Royal Palace de Kirrwiller vous accueille pour une soirée des plus inattendues. Un spectacle de Music-Hall, avec chaque année parmi les plus grands artistes du monde entier, au cœur d’un village... de 500 âmes. On peut craindre le kitsch mais les avis sont dithyrambiques et voilà qui, pourrait bien me faire prendre la route. Et vous ?
Un peu plus au Nord encore, le village fortifié de La Petite Pierre vaut la visite. Construits au XIIIe siècle, le château et ses fortifications furent largement modernisés par Vauban en 1684. Le château était alors un point stratégique permettant le contrôle d’un passage entre l’Alsace et la Lorraine. Aujourd’hui, le Parc Naturel régional des Vosges du Nord y a installé son siège. A l’intérieur du château, l’exposition permanente « L’aventure des Vosges du Nord » permet d’en découvrir l’histoire mais encore les raisons du classement de la région en espace protégé.
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RESPIRONS…
De Lalique, je me souviens de ce flacon de parfum : l’Air du Temps de Nina Ricci. Un concentré de poésie. Assurément, ce créateur de génie avait le sens de l’harmonie et le goût suprême du beau, qu’il exprime par son credo : « Mieux vaut la recherche du beau que l’affichage du luxe. » C’est à Wingen-sur-Moder que René Lalique a choisi de construire l’usine Lalique en 1921 et c’est comme espace où exposer et plus encore, donner à expérimenter son art qu’il fit bâtir la Villa. Toutes les pièces sont encore aujourd’hui produites dans cette unique manufacture de la Maison avant d’être envoyées dans le monde entier. La manufacture ne se visite pas. Alors, pour comprendre qui était René Lalique et ce qu’il a apporté à la Maison Lalique, il est en revanche une visite incontournable : celle du Musée Lalique, pour découvrir les créations d’époque du maître verrier et le travail exceptionnel des ouvriers de la manufacture aujourd’hui.
Construite en 1920 par ce grand joaillier de l'Art Nouveau et fameux maître verrier de l'Art Déco, la Villa est à cette heure un hôtel et un restaurant raffinés, respectueux du caractère intimiste de la vieille demeure et en ce sens, hommage vivant à son créateur. Les six suites exclusives, inspirées chacune d'un motif original de l'artiste avant-gardiste, racontent, au cœur des Vosges du Nord, l'histoire d'un nom devenu fleuron de la cristallerie française. Dans la grande salle entièrement vitrée du restaurant gastronomique, temple de verre et d’acier conçu par l’architecte suisse Mario Botta, l'audacieux Chef Jean-Georges Klein sert une cuisine épurée, haute en couleurs. Au lounge, on dégustera des yeux les carafes que Lalique a développées en partenariat avec des grandes Maisons comme le whisky The Macallan ou le cognac Hardy.
A l’Est, la petite ville de Betschdorf peut valoir le trajet pour qui souhaite découvrir la poterie en grès au sel d’Alsace. L’Atelier de poterie Schmitter est un atelier artisanal et familial où sont entièrement réalisées à la main ces poteries utilitaires et décoratives auxquelles le processus de cuisson donne toute son authenticité et ce bleu inimitable. Il s'agit d'oxyde de cobalt, seule couleur résistant à la haute température de cuisson du grès au sel tandis que la vitrification rend les pièces étanches et inaltérables, d’excellente qualité alimentaire de surcroit puisque passant sans souci au four comme au lave-vaisselle.
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Ultime coup de cœur dont Amélie n’aura pas fait l’expérience : la Forêt Noire.
Chut ! c’est hors sujet, pourrait-on dire, mais qui aime l’étranger, le passage de frontière… entend, non loin, résonner la Forêt Noire. Tout d’abord, il y a ce gâteau dont la simple évocation fait saliver. Nul doute que cette génoise au cacao imbibée de kirsch, fourrée de crème chantilly et de cerises aurait attisé la gourmandise d’Amélie tout autant que ce territoire, posté entre la rive est du Rhin et les contreforts des Alpes suisses, jalonné de lacs comme le Titisee et de vastes forêts de pins, ponctué de châteaux ancestraux dont celui de Hohenzollern, jadis résidence de la famille royale prussienne. Qui a donc passé la frontière pourrait apprécier la ville thermale de Baden-Baden, jolie étape de relaxation et bien-être au cœur de la Forêt-Noire.
A moins d’une heure de route de Strasbourg, la ville au charme suranné cultive son atmosphère chic de lieu de villégiature longtemps prisé par les élites et les artistes de toute l’Europe. Ses sources thermales sont à l’origine du fondement de la cité par les romains (Baden en Allemand signifie “Bains”).
Au XIXe siècle, les mondains ne venaient pas à Baden-Baden pour patauger dans des bassins de pierre, mais pour boire son eau. La Trinkhalle abrite l’une des sources de Baden-Baden qui s’écoule paresseusement d’un robinet. C’était la buvette préférée du gotha du XIXe siècle. 14 fresques murales y racontent des contes et légendes du nord de la Forêt-Noire, dont celle de la sirène du lac de Mummel.
Depuis son ouverture en 1877 pour pallier la fermeture du Casino par l’administration prussienne, Friedrichsbad en a vu barboter bien des personnalités dans son bain romano-irlandais mixte et nudiste. « On y oublie après 10 minutes, le temps et après 20 minutes, le monde » aurait dit Marc Twain en 1878. Dans un riche décor de marbre, de majoliques aux motifs rustiques et de coupoles de style ottoman, le bien-être se gagne en venant à bout des 17 stations déroulant séjours en air chaud, douches à l’eau thermale, bain de vapeur thermale, bain bouillonnant ou en eau froide pour finir emmailloté dans une serviette chaude.
La Lichentaler Allee, élégante avenue traversant un grand parc, est le lieu de promenade incontournable de cette enclave Belle Époque qui permet de passer de la ville à la nature en quelques minutes, en empruntant de jolis petits ponts qui traversent la rivière Oos. C’est en se baladant là que Brahms aurait eu l’idée de son trio pour cor, violon et piano. « Un matin, je marchais, et au moment où j'arrivais là, le soleil se mit à briller entre les troncs des arbres ; l'idée du trio me vint à l'esprit avec son premier thème ».
Inspirante à souhait, la Nature n'est-elle pas en définitive notre Maitre ?
De tous temps, elle a chuchoté à l'oreille des musiciens, s'est invitée dans le regard des artistes, la Lumière comme révélateur.
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À toutes les étoiles dans le Ciel
Aux bulles de savon de notre enfance
et à toutes les prochaines en partance vers le Ciel.
Aux notes de musique qui s’égrènent aussi en direction du ciel,
comme celles d’Olivia qui accompagnèrent, au fil des mois, au-delà de mes rêves, la musique des mots, la vibration des régions.
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"Heureux qui comme Ulysse"...
C'est un Voyage au long cours qui s'achève ce jour... démarré en juin 2021. Il fut beau et courageux, avec pour cap de nous mener, mois après mois, aux frontières du profondément humain et de l'ultimement divin... en quête de Paix et de Po-éthique.
Je remercie ici Olivia Colboc pour son entrain et ses compositions musicales toujours au rendez-vous. Cette toute première mélodie d’Amélie avait déjà pour ambition de nous faire passer de terre à Paradis. L'avez-vous appréciée ? Quelle musique vous aura fait voyager ? Quelle région, définitivement émerveillés ?
C'est ici donc que le voyage s'achève... mais finalement jamais tout à fait.
Vous pouvez retrouver à la bon'heure ces lettres musicales par région depuis ce site.
Et si vous souhaitiez poursuivre le voyage en compagnie d'Olivia, il vous est donné la chance de devenir mécène de son prochain album CEREMONY.
Merveilleuse fin de journée,
Laurence
"Il meurt lentement, celui qui ne voyage pas, celui qui ne lit pas, celui qui n'écoute pas de musique, celui qui ne sait pas trouver grâce à ses yeux." Pablo Neruda
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